La hantise de l’épidémie a entraîné la chute des taux de réservations. Jusqu’où ira la morosité ?
«Je tourne à 30% de mes moyens», déplore visiblement abattu, le propriétaire d’une agence de voyages basée à Tunis qui indique que depuis la propagation du coronavirus, le taux des réservations a chuté de 70%, causant un énorme manque à gagner et, par conséquent, des ennuis financiers avec la banque.
Abondant en détails, notre interlocuteur précise que «la morosité a touché à la fois les excursions en Tunisie et les voyages à l’étranger. Au point qu’en deux semaines, je n’ai que deux clients, alors que le nombre de ceux-ci atteignait la centaine au cours de la même période de l’année».
Une agence de voyages de la place propose à chaque preneur d’une réservation un… masque de protection aux frais de la princesse!
Même son de cloche chez un agent de billetterie travaillant dans une autre agence de voyages située à Hammamet.
«D’habitude, lâche-t-il, à cette période, tout marche comme sur des roulettes. En effet, outre les voyages privés et organisés à l’étranger, des réservations nous viennent des ONG, des structures de l’Etat et des associations sportives. Idem pour les excursions locales qui étaient organisées au début de chaque mois de mars, en raison des vacances scolaires de printemps. Au point que, par moments, nous étions contraints de refuser du monde. Aujourd’hui, hélas, notre compteur affiche zéro et nous ne comptons plus les jours de cafard ». Jusqu’où ira la morosité? Nul ne sait.
Peine perdue
Face à la dégringolade du taux de réservations, certains gérants d’agences de voyages, dans un… sursaut d’amour-propre, ne cessent d’opter pour des acrobaties, dans l’espoir de remonter la pente.
Cela va de l’intensification des campagnes de séduction dans les médias et sur les réseaux sociaux, à d’importantes remises et des facilités de paiement. Peine perdue. L’un d’eux est allé jusqu’à réduire de moitié le tarif sur des destinations prisées en Tunisie (Jerba, Mahdia, Sousse, Hammamet, Tabarka, Tozeur…) et à l’étranger à l’instar de Marrakech, Istanbul, Sharm Echeikh, Dubaï… Là aussi, chou blanc. Et puis, cette anecdote, véritable trouvaille d’une agence de voyages de la place qui propose à chaque preneur d’une réservation un… masque de protection (contre le coronavirus) aux frais de la princesse! Rien n’y fit, l’aimant s’étant avéré cruellement inefficace, dans la mesure où le siège de l’agence est resté désespérément vide, en dépit de la pénurie persistante de ces fameux masques.
Face à la dégringolade du taux de réservations, certains gérants d’agences de voyages ne cessent d’opter pour des acrobaties, dans l’espoir de remonter la pente. Cela va de l’intensification des campagnes de séduction dans les médias et sur les réseaux sociaux, d’importantes remises et des facilités de paiement.
Tout en exprimant leur peine, nos interlocuteurs ne perdent pas, pour autant, espoir, en s’évertuant à dire, à l’unisson, qu’ils finiront, un jour, par ne plus manger leur pain noir et par entrevoir le bout du tunnel. «On n’a pas le choix», lancent-ils, en promettant de continuer de faire de la résistance jusqu’à ce que l’orage passe. Souhaitons-leur bonne chance et surtout bon courage.
Mohsen ZRIBI
